Portrait de conseiller : Christophe GRISON

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Qui sont les conseillères et conseillers du CESE ? Chaque semaine, retrouvez le portrait d'une ou un membre du CESE : parcours, engagement dans la société civile organisée et ambitions pour leur mandat au sein de la troisième assemblée de la République... Focus sur celles et ceux qui forment la société agissante.

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Originaire de Paris, Christophe Grison a décidé il y a plus de trente ans de se lancer un « challenge » : reprendre l’exploitation familiale céréalière, dans l’Oise. Cet agriculteur est aujourd’hui président d’une coopérative de 1 400 agriculteurs. Et ses responsabilités ne s’arrêtent pas là : il occupe plusieurs mandats dont, bien sûr, celui de conseiller au CESE, où il préside le groupe de la Coopération. Retour sur un parcours marqué par l’ambition de renouveler l’image de l’agriculture française et du modèle coopératif.

Un agriculteur engagé pour « réconcilier le monde rural et le monde urbain »

Christophe Grison se décrit comme un « profil atypique » d’agriculteur, qui, après avoir grandi à Paris, quitte la capitale et la vie urbaine pour s’implanter à la campagne, dans l’Oise.

« A l’adolescence, j’avais du mal à trouver ma voie à Paris. Je réfléchissais à m’orienter dans le domaine de la gestion, mais j’aimais bien le contact avec la campagne. On allait tous les week-ends chez mes grands-parents, je savais que cette ferme était plus ou moins en sommeil. Alors finalement, je suis parti en pension pour faire des études agricoles, puis j’ai fait des stages, afin d’être prêt à reprendre cette exploitation. »

Si son arrivée dans l’Oise lui vaut au démarrage quelques regards dubitatifs de ses pairs, c’est cette connaissance fine des interrogations du monde urbain par rapport aux pratiques agricoles du monde rural qui fait sa force : « j’ai une double sensibilité : je comprends ce fossé qui s’est un peu creusé, avec les années, entre les villes et les campagnes, et l’incompréhension vis-à-vis du métier d’agriculteur, parfois complexe et technique ».

Par son travail quotidien, Christophe Grison a précisément à cœur de « réconcilier le monde urbain et le monde rural », en prenant du temps pour communiquer, de manière transparente. Il accueille ainsi régulièrement le grand public dans sa ferme au cours de journées portes ouvertes, et a considérablement fait évoluer ses pratiques agricoles pour répondre aux attentes sociétales, par exemple en favorisant les circuits courts. En témoigne l’installation d’un distributeur de légumes frais pour les personnes dont les horaires de travail ne permettent souvent pas de s’approvisionner, comme « les infirmières qui démarrent à cinq heures du matin ».

Cette approche qu’il met en œuvre dans son exploitation est la manifestation d’un engagement plus large, à la fois pour accompagner les agriculteurs à faire évoluer leurs pratiques, mais aussi pour les défendre.

L'engagement coopératif agricole comme réponse à une recherche de lien social

Aujourd’hui, représenter ses pairs est le quotidien de Christophe Grison. Depuis 2012, il préside la coopérative Valfrance. Sa mission : de défendre les intérêts des 1 400 agriculteurs-coopérateurs.

« Au bout d’une dizaine d’années après avoir repris l’exploitation, je trouvais que cela manquait un peu de lien social. On est un peu isolé dans sa ferme : vous faites du tracteur toute la journée, en écoutant la radio… Donc j’avais envie de recréer du lien. C’est ainsi que j’ai rencontré le président de l’époque de la coopérative Valfrance, qui m’a proposé de rentrer comme stagiaire au Conseil d’Administration. »

A côté de ce mandat, il siège au Conseil d’Administration de La Coopération Agricole, le syndicat des coopératives agricoles de France. Il y est le « référent de tout ce qui touche à la production des cultures : phytosanitaires, zones de non-traitement, plan pollinisateur… », et représente sur ces sujets les agriculteurs-coopérateurs auprès des instances gouvernementales.

Et ce n’est pas tout, puisque Christophe Grison préside également Adivalor, société de gestion des déchets agricoles plastiques, dont il est particulièrement fier : « La France est exemplaire dans ce domaine : nous recyclons plus de 70% des emballages plastiques agricoles, tandis que seulement 20 à 25% des plastiques sont recyclés dans le ménager ! ».

Redorer le blason de l'agriculture française et du modèle coopératif

Au cœur de l’investissement de Christophe Grison, une ambition forte : renouveler l’image des agriculteurs. Il estime que certaines pratiques ne sont pas assez mises en avant, comme par exemple le taux de recyclage, ou encore l’évolution vers l’agro-écologie et la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires :

« On a à cœur de faire évoluer nos agriculteurs-coopérateurs, pour qu’ils répondent aux attentes de la société. C’est dommage, parce que l’on fait énormément d’efforts depuis de nombreuses années, mais ça n’est pas assez reconnu et valorisé. »

Même regret en ce qui concerne la gouvernance coopérative, dont le modèle est parfois critiqué au motif que « les choses seraient calées d’avance » :

« Dans une coopérative, il y a une vraie possibilité de changer les choses ! Elle appartient aux agriculteurs, qui détiennent des parts sociales. Elle offre un sentiment d’appartenance, tout en accompagnant les agriculteurs sur les plans financiers et techniques, ou encore de l’amélioration des conditions de travail. La sécurité, le bien-être au travail, ce sont des choses importantes ! »

C’est un des chantiers qu’il souhaite mener au CESE avec le groupe de la Coopération : moderniser l’image des coopératives, quel que soit le domaine : « notre point fort, c’est la gouvernance démocratique, autour du principe un homme une voix. Dans une coopérative, les décisions d’avenir sont prises collectivement. C’est notre raison d’être ! »


Crédits photo : Katrin Baumann