Portrait de conseiller : Sébastien WINDSOR

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Chapeau

Qui sont les conseillères et conseillers du CESE ? Chaque semaine, retrouvez le portrait d'une ou un membre du CESE : parcours, engagement dans la société civile organisée et ambitions pour leur mandat au sein de la troisième assemblée de la République ... Focus sur celles et ceux qui forment la société agissante.

Corps

Sébastien Windsor cultive un profil atypique faisant le lien entre agriculture et entreprise industrielle. Il représente depuis mai 2021 l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture (APCA) au sein du groupe Agriculture du CESE où il siège au sein de la commission Affaires Européennes et internationales et de la Commission temporaire Cannabis

Un profil d’ingénieur-agriculteur

Ses racines agricoles lui viennent de ses parents possédant une exploitation en Normandie. Leur projet de développement d’élevage porcin, en plein terroir de vaches laitières, a suscité une levée de boucliers et des plaintes pour odeur avant même que l’élevage ne soit ouvert. Enfant alors, il se souvient des attaques subies par ses parents alors que ce projet était pourtant plutôt vertueux car prenant déjà en compte l’aspect environnemental. 

« Je suis un hypersensible du dialogue avec la société. Pour défendre les idées et intérêts de l’agriculture, j’arrive non pas en confrontation mais en essayant de le faire dans un mode harmonieux. Ceci peut expliquer mon arrivée au CESE. »Marqué par cet épisode, il décide de suivre à-rebours des études d’ingénieur (il est diplômé de l’École des Mines de Nancy) et s’intéresse au secteur industriel.

Innovation et respect des hommes constituent ses deux moteurs

Son service national en entreprise et son expérience professionnelle de 5 ans en Angleterre chez le fabricant de semi-remorques Fruehauf Trailer Benalu, marquent ses débuts. Féru de pragmatisme et d’innovation, il devient rapidement responsable production et logistique avant de prendre la direction générale des usines anglaises qu’il restructure. « J’ai mis en place le JUSTE A TEMPS* ce qui se fait aujourd’hui dans l’industrie automobile. »

Il expérimente aussi les difficultés financières de l’entreprise qui a été rachetée par un fonds de pension américain et découvre les fortes disparités avec la France du point de vue de la protection sociale des salariés. « Je ne me suis pas du tout retrouvé dans les valeurs et méthodes de gestion, qui ont bloqué tous les investissements. Le groupe a cherché à vendre les usines « par appartement », à augmenter la valeur faciale de l’entreprise sans respecter ses hommes, notamment ceux qui avaient 30 ou 40 ans d’ancienneté… »
Il négocie son départ et décide en 1999 de devenir « son propre patron » en exerçant un métier ayant du sens.

« J’ai eu envie de revenir à ce beau métier qu’est l’agriculture. »

L’art de cultiver défis et pragmatisme 

Avec audace et à 29 ans, il se lance sans formation en l’agriculture. Il gère aujourd’hui une exploitation de 260 hectares (blé, colza, maïs, lin, betterave…) et un élevage porcin. Il confie son fort attachement aux chambres d’agriculture car elles ont grandement participé à sa formation sur le terrain, l’ont accompagné dans son installation, dans sa montée en compétences techniques et celles de ses salariés, encore aujourd’hui. « J’y ai trouvé un vrai épanouissement en portant de nombreux projets. Je me suis engagé dans les chambres d’agriculture et dans un syndicalisme de « branche » (la fédération des producteurs d’oléo-protéagineux). »

Il enchaîne les responsabilités, dont la vice-présidence de la FOP et est élu au conseil d'administration d'Avril (produits Lesieur et Matines, agro-carburants…). Il est également élu départemental depuis 15 ans, président depuis 3 ans de la chambre d’agriculture de Normandie (et il y a 9 ans de la Chambre d'agriculture de Seine-Maritime) et accède à la présidence de l’Assemblée permanente des chambres d'agriculture (APCA) en 2020.

« Mon ancrage vient de ce que je suis à la base un élu départemental. Le Président de l’APCA est obligatoirement un agriculteur et un président de chambre ». 

De belles réussites collectives

Au sein de l’APCA, il est fier d’avoir mobilisé tout le réseau autour d’un projet qui apporte une réelle dynamique au service des agriculteurs en faisant le choix de s’engager avec une obligation de résultats. « On est tous alignés autour de 16 objectifs, 16 domaines d’activités stratégiques qui sont portés en France, jusqu’aux échelons départementaux, qui sont le vrai lieu d’impact. » 

Même s’il passe moins d’heures sur son tracteur, l’agriculture reste son métier, ce qui le fait vivre, affirme-t-il. Son engagement est marqué par la création de valeur pour le monde agricole, par la recherche de solutions techniques et économiques pragmatiques. Pour piloter le changement, il évoque également le livre blanc « Comment mieux accompagner les transitions en agriculture » qui a permis de compléter ses axes de travail : dialogue avec la société et la création de valeur. Il avoue aussi être un « geek » et utilise un logiciel d'optimisation de ses traitements qui évalue en temps réel ses cultures à partir de photos de satellites ou de modèles de calcul.
 
De par ses mandats au sein des chambres agricoles, il découvre les CESER puis le CESE où plusieurs de ses collègues siègent et lui rapportent les nombreux enjeux de l’agriculture qui y sont débattus. 

« C’est là que j’ai perçu l’intérêt du CESE, la recherche de consensus et la construction de positions partagées par le débat. J’y ai été sensible et ai suivi ce modèle de concertation en invitant à des sessions de l’APCA des philosophes, des personnes évoquant le nécessaire dialogue entre la société et l’agriculture. »

Agriculteur européen convaincu, il rejoint le CESE … 

Cet ancrage et cette volonté de représentation de tous les territoires, il souhaite les porter au CESE en 2021 lorsqu’il rejoint le groupe Agriculture et la Commission Affaires européennes et internationales. « En dehors du prisme de mon exploitation, je reste très attentif à aller voir régulièrement ce qui se passe dans d’autres départements ou régions qui vivent différemment les problèmes. Leur perception des sujets est variée et j’ai à cœur au CESE comme à l’APCA de m’appuyer au maximum sur ce retour du terrain pour éclairer mes avis. »


« Il faut, par la pédagogie, redonner du sens et du goût aux citoyens pour l’Europe, car les enjeux sont nombreux. On a un rôle important en défendant notre modèle agricole français (très durable et constitué d’exploitations familiales) à l’international dans le développement de l’agriculture de pays émergents.»

… motivé par le consensus exigeant porté pour l'intérêt général

Au sein du Bureau du CESE, il apprécie le vrai respect de la parole de l’autre, la volonté d’écoute mutuelle, la capacité des membres à ne pas entrer dans des polémiques et à rester exigeants. Il considère par ailleurs que la participation citoyenne au CESE est importante pour enrichir ses travaux. Elle pourrait contribuer notamment à établir de la pédagogie sur de nombreuses thématiques sociétales. 

« Se donner le temps, prendre ses marques pour avancer sur les sujets, bien analyser ce qui a  fonctionné ou pas sur les premiers travaux intégrant les citoyens. Avoir un retour d’expérience est essentiel. »

« Le CESE a un vrai rôle à jouer en portant sa valeur ajoutée par rapport aux deux autres assemblées, à savoir éclairer les débats qui ont lieu au Parlement. Apport d’éléments factuels, de mises en garde, d’angles d’éclairage ou d’avis non tranchés pour plus d’utilité, pour que le CESE soit reconnu comme tel, pour que nos avis soient plus lus, portés et repris », conclut-il.


(*Commande et production dans la foulée avec les choix d’option du client ; ces éléments convergent sur la chaîne de production, à la demande et génèrent peu de stock).

 

Crédits photo : Katrin Baumann