Portrait de conseiller : Alain DRU

Catégorie
Portrait
Date de publication
Chapeau

Qui sont les conseillères et conseillers du CESE ? Chaque semaine, retrouvez le portrait d'une ou un membre du CESE : parcours, engagement dans la société civile organisée et ambitions pour leur mandat au sein de la troisième assemblée de la République... Focus sur celles et ceux qui forment la société agissante.

Corps

Membre du CESE au titre de la Confédération générale du travail (CGT), Alain Dru y entame  son second mandat. Dans un parcours jalonné d’engagements multiples, on décèle une constante : la volonté d’agir au plus proche du terrain et des personnes.

« J’ai l’impression d’avoir vécu plusieurs vies en une seule. Il y a des gens qui pourraient dire "il est instable, il a fait plein de trucs !". Mais j’ai toujours dit qu’il y avait une cohérence dans ce que j’ai fait. Je me suis toujours intéressé aux gens qui subissaient, à la fois sur le territoire national et à l’international. C’est un état d’esprit, un choix profond. »

Cette volonté d’être utile se manifeste dans chacun des engagements d’Alain Dru, sur des thématiques aussi diverses que la protection de l’enfance et l’éducation, la solidarité internationale ou encore la santé publique.

« Plusieurs vies en une seule »

C’est en Normandie que débute la carrière d’Alain Dru, comme instituteur. Déjà, il s’occupe de celles et ceux qui en ont le plus besoin, auprès de classes spécifiques : enfants en situation de handicap, étrangers apprenant le français, élèves en difficulté scolaire... Son implication pour l’éducation se poursuit au sein de ce qui deviendra la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ), où il mène diverses missions. Il est notamment amené à organiser les premiers stages d’insertion à destination des jeunes en rupture scolaire ou ayant un passé d’incarcération, puis à créer la permanence éducative auprès du tribunal, service dédié à l’accueil des familles en difficulté. C’est aussi grâce à la PJJ qu’il dirigera l’association Normandie Mécanique, qui permet à des jeunes de se former dans les domaines de la logistique et de la conduite, à travers des missions humanitaires de terrain. Il accompagne les jeunes et sillonne en camion l’Afrique ou l’Europe de l’Est.

A cette carrière dans l’éducation s’associe une autre forme d’engagement, à laquelle il dédie ses congés : la solidarité internationale. Dans des structures telles que Médecins sans Frontières et Pharmaciens sans Frontières, Alain Dru se charge de négociations avec les administrations des Etats pour venir en aide aux populations. Il contribue également à des missions humanitaires d’urgence, comme lors de la première Guerre du Golfe :

« J’étais chargé de l’achat de la nourriture pour la population : je me promenais tous les jours avec des centaines de milliers de dollars sur moi, afin d’acheter des denrées de première nécessité pour les réfugiés. Dans un pays comme l’Iran, c’est très compliqué, car ce sont des produits contingentés, et il n’est pas question pour le pays que sa population se retrouve en difficulté parce que des étrangers achètent pour d’autres étrangers ! Ce sont parfois des négociations très fines. »

Dans les années 1990, alors que l’épidémie de sida explose, il se penche sur les questions de toxicomanie et se lance dans un nouveau projet, au sein de l’association Sida Paroles. La question de la prévention devient ainsi son autre cheval de bataille :

« Notre politique de prévention a été inventée sur le terrain, en banlieue parisienne. Nous avions souhaité allier la prévention avec d’autres choses, par exemple la pratique du sport. Pour les gamins, c’était plus facile de venir nous voir dans un espace multi-intérêts, que de venir uniquement pour parler de sida et de toxicomanie ! »

Et l’engagement syndical, dans tout ça ? Pour Alain Dru, il est indissociable du reste : « à l’époque, on ne pouvait pas découper les choses en morceaux : il y avait des formes de militantisme syndical, politique, associatif… Mais tout ça était en cohérence avec des choix de vie ». Après être passé par d’autres syndicats, il finira par créer, avec une trentaine de collègues, le groupe de la CGT à la PJJ, alors inexistant. Aujourd’hui, il dirige l’Union Confédérale des Retraités-CGT, et c’est à ce titre qu’il siège au Conseil.

Une expérience du CESE marquée par la « remise en cause du confort intellectuel »

C’est en étant lui-même auditionné par ses collègues de la CGT membres du Conseil qu’Alain Dru se familiarise avec le CESE, où il contribue de plus en plus aux travaux jusqu’à devenir lui-même conseiller en 2015. Point d’orgue de son premier mandat, l’avis intitulé « L’hôpital au service du droit à la santé », qu’il a rapporté avec Christine Tellier et Sylvie Castaigne, suivi par un avis sur l’amélioration des parcours de soin en psychiatrie, avec Anne Gautier.

« Pour moi, [l’avis sur l’hôpital] restera un avis extrêmement important ! Parce qu’il a été pensé depuis le départ comme étant à la fois la suite d’une expression citoyenne (la saisine faisant suite à des pétitions) ; et à la fois un approfondissement de cette expression (via la mise en place d’une plateforme participative). »

Il note que cet avis bénéficie d’une reconnaissance particulière, un an après son adoption. C’est d’ailleurs ce qu’il souhaite plus généralement aux préconisations que produit le CESE dans ses travaux : que celles-ci essaiment sur le long terme.

« Je ne crois pas qu’il faille toujours attendre la réponse immédiate : il faut voir sur le temps long. Quelle est la plus-value qu’ont pu apporter nos propositions, et comment les idées que l’on a fait passer ont pu infuser, ou non, dans la société ? Je souhaite d’ailleurs que l’on puisse dresser les bilans des sujets sur lesquels on s’est déjà penchés, quelques années après, afin de voir en quoi le CESE aura fait bouger les lignes ou non. Souvent, on retrouve nos préconisations dans des projets de lois 2 ou 3 ans après ! »

C’est précisément la raison pour laquelle il plaide pour que le Conseil construise ses réflexions sur des sujets « qui ne sont pas encore dans le calendrier politique, parce que c’est là où le CESE est bon ». Le mode de travail du Conseil sur ces sujets, qui consiste à confronter la diversité des idées et opinions représentées en son sein, est ce qui attire tout particulièrement Alain Dru. Pour reprendre ses mots : « C’est la grande chance que j’ai avec le CESE et dans mes engagements. Être toujours dans l’apprentissage, être toujours à l’écoute des autres et faire partager ses convictions : c’est ça la vie ! »