Portrait de conseillère : Anne CHATAIN

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Chapeau

Qui sont les conseillères et conseillers du CESE ? Chaque semaine, retrouvez le portrait d'une ou un membre du CESE : parcours, engagement dans la société civile organisée et ambitions pour leur mandat au sein de la troisième assemblée de la République ... Focus sur celles et ceux qui forment la société agissante.

Corps

Relever les défis (nombreux si possibles !) est une seconde nature pour Anne Chatain. Pugnace et actrice du dialogue social, elle siège depuis mai 2021 au CESE où elle représente la CFTC dont elle est Présidente fédérale et Secrétaire générale adjointe confédérale. 

Une appétence pour la chose publique qui a guidé son parcours professionnel

Diplômée en finance, Anne Chatain intègre La Poste en 1996 en tant que Responsable de contrôle de gestion, puis du système d’information RH. 

« La Poste est une entreprise très ancrée dans le quotidien des Français en participant à la vie des territoires, en y menant des missions de service public. Elle m’a donnée de l’appétence pour la chose publique, de l’intérêt pour le débat et le sens du service aux citoyens. »Elle découvre puis mène les combats sur les conditions salariales et de travail de collègues. Elle aborde -de l’intérieur- les projets et mutations de l’entreprise dont le changement de statut (d’établissement public en société anonyme) en 2009. Elle décide de défendre l’entreprise en rejoignant le Comité national sur le service public postal (60 associations de familles, de citoyens, partis politiques…), et en organisant de nombreuses conférences de presse pour alerter l’opinion publique. Elle y expérimente le référendum citoyen. 

« C’était super enrichissant d’aller à la rencontre des citoyens qui ont montré leur attachement au service postal, on a recueilli plus de 2 millions de signatures ! »

« Même si notre pétition n’a pas été reconnue, je pense que, grâce à notre action, le projet de changement de statut a été amendé sur certains aspects » reconnaît-elle. Par exemple, La Poste est restée une structure avec des fonds publics et c’est pour elle une réussite au final car elle a œuvré pour que les salariés obtiennent les garanties d‘une entreprise aux engagements mesurés en termes de retraites ou de performance tout en respectant l’humain. Quelques années plus tard, le groupe La Poste a dû, par besoin économique, à nouveau évoluer en se diversifiant : aide à domicile, portage de repas, lien numérique…

« On dit souvent que le facteur est la seule personne que des Français voient dans la journée, ce n’est pas une légende, c’est une réalité. Le lien social existe aussi comme cela. »« La Poste est une société en évolution permanente et c’est stimulant » confie Anne Chatain. 

L’ engagement syndical au sein de la CFTC

Aujourd’hui titulaire de plusieurs mandats (responsable locale de son syndicat, union départementale CFTC, APEC grand Est, AFDAS…), c’est en 2002 qu’elle s’engage à l’origine pour lutter contre le « management toxique ».


 « Ce qui a motivé au départ mon engagement syndical, c’est que je n’aime pas l’injustice. »« Quand on parle des transitions, notamment énergétique, on peut imaginer toutes les transitions mais elles ne peuvent se faire que dans un cadre de justice sociale, d’équité de droits et de moyens. » affirme-t-elle. « Quand les gens sont dans l’injustice sociale et ne peuvent pas s’exprimer, c’est le ferment de la colère et de votes extrêmes, tout cela nuit à la cohésion de notre société » analyse-t-elle.  

« Il est important de concilier les points de vue même s’ils sont opposés au départ, de trouver -par la discussion-  un terrain d’entente et des leviers de négociation, c’est ce qui me passionne le plus ! »Comme à La Poste, Anne Chatain relève de nombreux défis : fusion des CHSCT et CT en CSE, intégration de nouveaux secteurs... Elle gravit les étapes jusqu’à la présidence de la fédération Média +. Cette fédération regroupe les personnels syndiqués à la CFTC des Postes et des Télécommunications, des secteurs de l’ingénierie, des bureaux d’étude/sociétés de conseil, ainsi que ceux de l’audiovisuel, des journalistes, du papier carton et de l’édition.
Cela a été un cheminement d‘un an assez compliqué mais réussi : « Sans avoir encore résolu toutes les problématiques, la fusion des équipes et l’intégration de nouvelles composantes est effective. On a levé les réticences, fait adhérer les personnels au projet de réforme, c’est aujourd’hui une grande fédération. »

Comme 140 000 adhérents, elle s’est retrouvée dans les valeurs centenaires de la CFTC, qui privilégie avant tout le dialogue. « La CFTC a été l’un des premiers syndicats à parler de la place centrale de l’humain dans l’économie. » Férue de dialogue, Anne Chatain poursuit son parcours au sein du CESE.

Précarité – Environnement – Jeunesse : son triptyque de travail au CESE

Elle a découvert le CESE avec sa vice-Présidente Pascale Coton. « Mon syndicat m’a donné des opportunités et notamment celle de le représenter au CESE. J’ai été surprise et honorée de cette proposition car notre groupe est seulement composé de 4 membres... Le CESE c’est un lieu de débat dont la puissance de travail est étonnante ! J’ai été impressionnée par la qualité et la profusion de textes, de contenus produits en quelques semaines. » confie-t-elle. 
     « Au CESE on peut exercer ce dialogue au mieux, avec une ambiance particulière et très différente de l’entreprise, c’est un mode de discussion serein, chacun essaye de faire un effort. C’est unique, une chose que je n’ai pas vécue ailleurs ».

Elle agit pour remettre en perspective l’humain dans le monde du travail et dans une société où la culture de l’argent prédomine. « Je siège à la Commission Travail et emploi qui a rendu récemment un avis sur les métiers en tension. Cet avis a mis en évidence les conditions de travail et des salaires inadaptés, provoquant la fuite des salariés, non par désamour mais par manque de moyens de l’exercer correctement ! » Très motivée par l’importance de disposer de travail, de salaire et de niveau de vie décents, elle va bientôt prendre part à un avis sur la précarité du travail. A suivre donc ! 

Elle relie enfin le travail aux nombreuses transitions et notamment écologique. Adhérente d’une association Alsace nature, elle est elle-même sensibilisée aux enjeux environnementaux. 

     « Pour faire bouger les lignes de la société, on a toujours cette réflexion sur la transition des métiers et sur la transition écologique en pensant à ce que l’on va léguer aux générations futures. » 

Sur l’avis qui vient d'être voté « Volonté d’engagement et participation démocratique des jeunes », elle a débattu des grandes disparités sur l’accès aux aides des jeunes adultes européens entre les pays. « C’est le genre de sujet que je souhaiterais contribuer à faire évoluer, en intégrant la parole des jeunes et en responsabilisant davantage les citoyens qui sont d’ailleurs en demande. » Pour elle, il faut réinventer l’action politique trop cloisonnée et les modalités de vote. 

« C’est intéressant d’entendre les Français en direct au CESE grâce aux modalités de participation citoyenne. C’est la grande richesse de cette institution, qui n’est pas du tout hors sol. » 

Intégrer la participation citoyenne fait donc partie selon elle des bons points de la réforme comme vouloir rendre plus lisible l’institution aux citoyens. Anne Chatain conclut par un nouveau défi : porter son engagement auprès des citoyens au niveau international en connectant les actions du CESE avec celles de son homologue européen.
 


Crédits photo : Katrin Baumann