Discours de Claire Thoury - Clôture de la Convention Citoyenne sur la fin de vie

Discours de Claire Thoury, Présidente du Comité de Gouvernance de la Convention
Clôture de la Convention Citoyenne sur la fin de vie

Seul le prononcé fait foi

Je n’ai pas souvent écrit ce que je voulais vous dire chaque vendredi et chaque dimanche depuis maintenant 4 mois mais l’occasion s’y prête.
C’est fini. 9 sessions, 27 jours de travail, 4 mois de votre vie - de notre vie - consacrés à un sujet aussi majeur que celui de la fin de vie. Un sujet qui nous concerne toutes et tous, un sujet - comme tant d’autres - face auquel nous ne sommes pas tous égaux, face auquel nous ne mobilisons pas les mêmes ressources. 

Et pourtant, vous l’avez traité avec exigence, avec intelligence, avec sensibilité, humilité et avec ambition. Vous vous êtes engagés les uns avec les autres, les uns pour les autres, les uns et les autres pour celles et ceux qui n’ont pas votre chance. Vous avez relevé un défi colossal, avec bienveillance et dans la confiance, vous avez démontré que quelque soit son parcours, son niveau de diplôme, son âge, son genre, son origine géographique, son métier, on pouvait se rencontrer, se connecter, se comprendre (ou essayer) lorsque les conditions le permettent et lorsque la situation l’exige. Vous avez fait quelque chose de très important, de très très important, et vous l’avez fait avec beaucoup de talent. Vous avez donné à voir ce que notre démocratie avait de plus juste et de plus beau. Sans fioriture, sans paraître, vous avez montré que la démocratie ce n’était pas nécessairement glamour, pas toujours sexy, souvent prise de tête, que la démocratie ça se construit, ça s’entretient, ça se mérite. On ne peut pas tout anticiper quand on traite avec des humains, on ne peut pas anticiper toutes les difficultés, toutes les situations, toutes les questions, mais c’est ça qui fait que ça vaut le coup de se lever tous les matins, c’est ça qui fait qu’on a tous accepté de donner au moins 27 jours de notre vie - si on ne compte que les jours de convention - à la fin de vie dans le cadre d’une convention citoyenne. C’est ça qui fait qu’on doit se battre pour elle, en réaffirmant des principes, des lignes, des limites, mais aussi en démontrant par l’exemple que des solutions sont possibles voire même désirables. 

Je voulais vous remercier, au nom du comité de gouvernance bien sûr, mais aussi de façon plus personnelle.

Vous m’avez donné beaucoup beaucoup d’espoir à un moment où nous en avons tellement besoin. Plus que de l’espoir, vous avez donné des réponses, vous avez illustré des concepts, vous avez ancré et puisé dans le réel les difficultés qui traversent notre société et les réponses que l’on peut collectivement apporter. Ces réponses ne seront jamais le fait d’une seule personne, elles nécessitent quelque chose dont on use assez peu mais dont on devrait pourtant abuser : de l’intelligence collective. 
L’intelligence collective, qu’est-ce que c’est finalement ? Certainement pas la superposition des intelligences individuelles mais la capacité à les croiser, à faire qu’elles se rencontrent, qu’elles se parlent, qu’elles s’écoutent, qu’elles se comprennent (ou qu’elles fassent tout pour) pour produire ensemble quelque chose qu’elles ne produiraient pas toutes seules. 
C’est bien ça la force du collectif, être plusieurs ne rend pas les choses plus faciles mais rend des choses possibles alors qu’elles ne l’étaient pas. Voilà ce que vous avez fait, vous avez rendu possible quelque chose qui ne l’était pas si vous étiez restés chez vous, vous avez rendu possible quelque chose qui ne l’était pas si vous ne vous étiez pas prêtés au jeu, si vous étiez restés enfermés dans vos positions, si vous ne vous étiez pas ouverts au vécu et aux expériences des autres. De nouveau, vous avez fait preuve d’intelligence, de nouveau vous avez fait preuve d’humilité. 

Ensuite, je retiens que la quête de la raison pure n’est pas toujours louable. C’est très français vous savez, de croire que l’on va tous mettre de côté ce qui nous traverse pour que seule notre raison reste, comme si elle était la seule à être légitime pour délibérer. Pour moi, c’est un non sens. Ce sont bien vos individualités qui sont venues vivre cette expérience extraordinaire, qui sont venues enrichir et s’enrichir de l’aventure. Vos expériences, vos vécus, vos ressentis, vos émotions, votre réflexivité ont compté les uns au même titre que les autres. 

Enfin, je voulais vous redire que l’exercice démocratique que vous avez incarné, construit, vous confère une légitimité considérable. Vous avez montré aux sceptiques qu’on pouvait apprendre beaucoup et vite en peu de temps mais surtout différemment. Vous allez sans doute entendre des critiques, entendre des raccourcis, entendre certains remettre en cause votre capacité à répondre à une question aussi difficile de façon aussi exigeante. Premièrement, ils ont tort. Deuxièmement, ignorez-les. Vous n’avez plus à démontrer que vous savez, vous avez travaillé de façon exigeante, vous avez su vous lever pour parler quand il le fallait et vous taire pour écouter quand c’était nécessaire.

La fin de cette session, la fin de la convention, c’est aussi l’occasion de remercier beaucoup de gens qui ont œuvré depuis le 9 décembre ou même bien avant pour rendre ça possible. 

Une pensée et un remerciement pour celles et ceux qui ne sont pas là : 

• Mathieu C
• Henri C
• Dominique D
• Tiffany D 
• Cécile D
• Dominique F
• Agnès G
• Gilles M
• Xavier M
• Mathieu P
• Delphine S
• Eric V

Je voudrais remercier les équipes du CESE qui sont mobilisés du matin au soir, qui ouvrent le matin, ferment le soir, et s’assurent au milieu que tout va plutôt bien. 

Merci au cogouv
Merci aux garants
Merci au collectif d’animation 
Merci au secrétariat général 
Merci à la Communication 
Merci aux facilitateurs graphiques 
Aux chercheurs
Aux journalistes aussi 
Merci au CESE, à Thierry Beaudet et à son équipe
Un immense merci à la Direction de la Participation Citoyenne et à Juliette Agez 

Je ne dirai pas que vous allez me manquer car j’ai bien hâte de retrouver des week-end mais c’était une aventure incroyable, transformatrice, importante. Grâce à vous toutes et tous, j’ai la conviction profonde que l’on a fait quelque chose d’utile, quelque chose qui peut changer durablement la vie des gens et le fonctionnement de notre pays. Je suis vraiment très très fière que vous soyez encore tous là, je suis très fière du chemin parcouru, et je suis surtout très très honorée d’avoir pu faire ce chemin avec vous tous. 

Alors merci, bravo et surtout bon vent !