Portrait de conseillère : Elodie MARTINIE-COUSTY

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Qui sont les conseillères et conseillers du CESE ? Chaque semaine, retrouvez le portrait d'une ou un membre du CESE : parcours, engagement dans la société civile organisée et ambitions pour leur mandat au sein de la troisième assemblée de la République ... Focus sur celles et ceux qui forment la société agissante.

Corps

Militante engagée depuis 26 ans, Elodie-Martinie-Cousty a rejoint le mouvement France nature Environnement (FNE) en 1994 et en est devenue administratrice en 2013. Elle en pilote aujourd’hui le réseau Océans, mers et littoraux. Vice-présidente du CESE, elle est membre du Groupe Environnement et Nature, siège au sein du Bureau de l’assemblée et dans deux commissions.

Un écocide à la source de son engagement

A l’âge de 7 ans, Elodie Martinie-Cousty est témoin, à l’étang où elle a l’habitude de jouer, d’une scène affligeante :

« Les poissons étaient tous morts, le ventre à l’air… Le responsable était un voisin agriculteur ayant « traité » ses cultures deux jours avant une pluie qui avait fait ruisseler les pesticides jusqu’à l’étang puis à la mer. J’ai alors pris conscience des liens entre les activités humaines et la nature et leurs impacts très directs sur l’environnement. »

Dans l’environnement, tout est lié !

Marquée par cette expérience, Elodie Martinie-Cousty qui participe à des compétitions de planche à voile puis de voile habitable pendant plus de 20 ans s’intéresse de près aux pressions en constante augmentation sur le milieu marin, s’engage en 1994 dans une association de préservation du patrimoine et des paysages de la presqu’île de Quiberon. Salariée de l’Industrie de l’équipement, puis des services, elle s’implique ensuite au sein du réseau FNE et participe activement au Grenelle de la mer en 2009 d’où nait la mission Mer et Littoral de FNE. 

« Tout ce que vous faites sur terre a des conséquences sur l’océan. »

C’est avec enthousiasme qu’elle évoque les ressources incroyables de la biodiversité marine : « Le sang du ver marin, espèce qui existe depuis 450 millions d‘années, est lorsqu’il est synthétisé un sang très oxygéné, universel, utilisable pour les pansements de diabétiques, pour les greffes d’organes…, c’est une ressource pour la médecine absolument incroyable ! Comme c’est le cas pour 21 000 molécules issues des ressources génétiques marines dont certaines soignent des cancers ! »

A FNE, nous portons les enjeux de protection de la nature, le partage de sa connaissance et de sa valorisation du niveau local au niveau européen

Pour donner une nouvelle dimension à sa mobilisation, Elodie Martinie-Cousty décide en 2010 de se consacrer à 100 % à son engagement bénévole à FNE. « Nous sommes un mouvement citoyen qui part du local. Tous les dirigeants de FNE et de ses fédérations départementales ou régionales sont élus par leurs propres adhérents, c’est une fédération d’associations Loi 1901 très démocratique composée aujourd’hui de près de 900 000 membres

« En tant que responsable de réseau Mers, océans et littoraux de FNE, l’essentiel de mon travail consiste à suivre la façon dont la France met en œuvre sa politique maritime au regard des directives européennes et conventions internationales qu’elle a ratifiées et qu’elle a retranscrites dans le droit national. La France étant le 2e espace maritime au monde de par ses Outre-mer, il est crucial d’être exemplaire en la matière. Et beaucoup reste à faire. »Pour elle, l’important est de concilier les enjeux économiques et sociaux aux enjeux environnementaux, en se posant la question de la durabilité de certaines activités : « D’ici 15 à 20 ans, il n’y aura plus de poissons dans la mer ou les seuls que l’on trouvera seront tellement pollués que l’on ne pourra pas les manger ! » 

« On a certes besoin d’activités économiques, mais dans une soutenabilité qui soit sur le long terme et en réduisant les pressions telluriques sur le milieu marin, qui est devenu une vaste poubelle entre déchets plastiques, munitions chimiques, déchets nucléaires, engrais et pesticides… »

Très mobilisée sur la protection et la gouvernance des océans, dont les aires maritimes protégées, ainsi que sur les énergies marines renouvelables, Elodie Martinie-Cousty reconnaît que son combat pour sauver les dauphins de nos côtes est très difficile: « La France est malheureusement responsable chaque année du massacre de 8 à 12 000 dauphins communs (espèce protégée) dans le golfe de Gascogne. Je regrette le cruel manque de volonté politique de la France, qui réagit sans prendre les mesures adaptées tant pour les dauphins que pour les pêcheurs en modifiant les techniques de pêches destructrices, alors que la Commission européenne lui demande d’agir en urgence ! »
Au niveau européen, elle agit au sein de la fédération Seas at risk

Le CESE, un pilier incontournable à l’action de préservation de l’environnement

« Les enjeux du climat, de la biodiversité, de la santé globale- avec la pandémie qui dure - sont des enjeux extrêmement liés et prégnants. L’objectif de la société civile organisée devrait être de réduire nos vulnérabilités à ces risques dont on subira sinon des conséquences aggravées sur l’économie et le social. La reconquête de la biodiversité et de ces écosystèmes est une bataille commune à mener par toutes nos organisations ! »

Alors que son 2e mandat débute, elle a déjà rapporté une résolution. Cette « Contribution à la Stratégie Nationale pour la Biodiversité » rappelle que 80 % des emplois en France et que 55 % du PIB mondial dépendent du bon état de la biodiversité. « En France, 1 milliard d’euros sont dédiés au fonctionnement des agences et suivi de la politique européenne pour la biodiversité au sens large contre 12 à 70 milliards qui sont totalement néfastes à la biodiversité et au climat. Un rapport complètement déséquilibré ! » déplore-t-elle.
Le plus frustrant et paradoxal pour Elodie Martinie-Cousty, c’est de constater que les engagements de la France aux  niveaux européen et international n’atteignent pas les objectifs des accords de Paris. « Les lois votées au parlement sont de trop petits pas en matière climatique et environnementale alors que la société civile n’a jamais été aussi mobilisée avec un nombre croissant d’associations de protection de la nature, de collectifs climat, et d’actions de personnes engagées dans tous les territoires ... »

Au CESE, 26 millions de Français s’expriment et il faut les entendre !

« Au CESE on peut parler de tout, même de sujets clivants pour avancer tous ensemble. C’est justement ce que n’arrive plus à faire le pouvoir politique, c’est à entraîner les Français dans une vision de long terme, de ce que serait la France à l’horizon 2030, 2040, 2050. »

Et la conseillère engagée de conclure par un appel : « Le CESE, représentant un quart des Français, est le lieu pour construire une société plus résiliente. En s’ouvrant davantage les uns aux autres et en travaillant mieux avec les décideurs publics, la démocratie y gagnera énormément, ainsi que la paix sociale. » 


Crédits photo : Katrin Baumann