« Un être flottant » : Carlos Cruz-Diez au Palais d’Iéna

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En octobre, la nouvelle exposition du CESE, ouverte à tous
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Depuis les années 1950, Carlos Cruz-Diez concrétise le rêve, formulé il y a près d’un siècle par Vassily Kandinsky, de faire de l’image « un être flottant dans l’air ».

Corps
Né à Caracas en 1923, le Vénézuélien s’installe à Paris en 1960, où il vit et travaille encore aujourd’hui. C’est toutefois dès 1954 que ses œuvres, aux côtés de celles de Victor Vasarely, Jesús Rafael Soto ou encore Heinz Mack, participent de l’émergence d’une forme radicale d’abstraction : l’art optique et cinétique. Cruz-Diez élabore ainsi maints procédés qui explorent ce phénomène hautement instable qu’est la couleur pure. Que ce soit sur le plan du tableau, dans l’épais- seur du relief ou dans l’espace sculptural, il s’emploie à déclencher des événements chromatiques en faisant se décoller la couleur du support, en la projetant dans les arcanes de la perception, non sans impliquer une participation active du spectateur - une telle expérience d’alchimie chromatique offrant ainsi un singulier précédent aux environnements du Light & Space californien, par exemple ceux de James Turrell, pour ne mentionner qu’eux.
 
Pour cet environnement au Palais d’Iéna, siège du Conseil économique, social et environnemental, Cruz-Diez envahit et modifie la perception de ce bâtiment manifeste d’Auguste Perret, de son architecture spectaculaire et sans ornement, mais aussi des nuances délicates de ses bétons colorés.
 
Un Environnement Chromatique, réalisation monumentale in situ déployée dans le volume hors-échelle de la salle hypostyle, se fonde sur la pratique picturale de Cruz-Diez– laquelle préfigura autour de 1957 la mouvance de l’op art et ses effets vibratoires.
 
De la même façon, une Chromointerférence (1975) plonge le spectateur dans des bains palpitants générés par des projections lumi- neuses. Le visiteur n’est plus face à l’œuvre, il est cerné par celle-ci. Devenu lui-même un support vivant d’un motif vibrant, il observe autant qu’il est observé. Versé dans les intégrations architecturales et l’idée d’une œuvre d’art défiant l’objet stable et unifié depuis les années 1960, Cruz-Diez envahit l’espace, certes, mais en prenant grand soin de laisser s’exprimer pleinement le genius loci - l’esprit du lieu.
 

Matthieu Poirier

Commissaire : Matthieu Poirier
16 - 25 octobre 2016 au Palais d'Iéna
Ouvert tous les jours, de 12h à 19h

 

Contacts
Sébastien Carvalho, Galerie Mitterrand / sebastien@galeriemitterrand.com

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