Portrait de conseillère : Françoise SIVIGNON

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Qui sont les conseillères et conseillers du CESE ? Chaque semaine, retrouvez le portrait d'une ou un membre du CESE : parcours, engagement dans la société civile organisée et ambitions pour leur mandat au sein de la troisième assemblée de la République... Focus sur celles et ceux qui forment la société agissante.

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Médecin radiologue, Françoise Sivignon s'engage très vite sur le terrain associatif, d'abord auprès des patients atteints par le VIH, dès 1986, puis dans le domaine de la solidarité internationale.

« Être soignant, c’est déjà une façon de s’engager, puisqu’il s’agit d’accompagner les patients dans la douleur, les maladies graves... La suite s’inscrit vraiment dans la continuité de ce que j’ai vécu comme soignante grâce à une approche politique du soin ». Au cœur de ce parcours singulier : la volonté d’aider les personnes en difficulté, en France comme à l’international.

Trente ans d'engagement en faveur de l'égalité d'accès aux soins 

Les années sida sont déterminantes pour Françoise Sivignon, très marquée par l’inégalité d’accès aux soins. Au début des années 2000, celle qui « n’aime pas la routine et ressent le besoin d’un engagement supplémentaire » rejoint ainsi l’ONG internationale Médecins du Monde.

"Je suis rentrée comme bénévole responsable de la mission Birmanie, pendant une quinzaine d'années, auprès des populations extrêmement marginalisées que sont les usagers de drogue et les personnes se prostituant. Dans un contexte politique oppressif, Médecins du Monde a été la première ONG à fournir des traitements et mettre en place des programes de réduction des risques infectieux VIH ou hépatites."

C'est le début d’un attachement profond pour l’organisation et pour son approche politique du soin, au plus près des populations : « le savoir profane s’ajoute aux soins traditionnels : nous écoutons ce que disent les usagers et quelles sont leurs pratiques, afin de construire avec eux un projet pérenne », explique-t-elle. Petit à petit, sa volonté d’accompagner un changement au sein de l’association la conduit à devenir successivement présidente de Médecins du Monde Pays-Bas, membre du Conseil d’Administration, vice-présidente, et enfin présidente de MdM France.

"J'ai beaucoup aimé l'expérience aux Pays-Bas, fruit d'une expatriation : cela m'a ouvert d'autres horizons, comme tous les déplacements à l'international que j'ai pu faire. C'est une richesse inouïe que représentent ces rencontres si variées sur des terrains si différents !"

De ses années à la tête de l'organisation, elle retient de belles réussites, comme la campagne contre le prix excessif de certains médicaments, menée au début de sa présidence : « nous avons été les premiers, en 2016, à ne pas accepter que des médicaments qui guérissent ne soient accessibles qu’à des prix exorbitants, obligeant à trier les malades, alors que les marges des laboratoires pharmaceutiques sont conséquentes ! ». La campagne de plaidoyer et les actions en justice sont un succès et les prix baissent.

Dans le champ de la solidarité internationale, certains sujets lui tiennent à cœur. Notamment celui du « Grand Bargain » qui vise à ce que les ONG locales participent de façon inclusive aux projets les concernant et bénéficient davantage de financements à l’heure où l’aide financière humanitaire atteint péniblement les 2,5% pour les acteurs locaux.

Au CESE, la volonté de « porter les sujets différemment, dans un espace institutionnel »

C’est en étant auditionnée dans le cadre de l’avis « Crise sanitaire et inégalités de genre » que Françoise Sivignon fait ses premiers pas au CESE. Elle devient conseillère quelques mois après :

"Lors de cette audition, j’ai réalisé que les sujets pouvaient être portés différemment. Au sein des organisations de solidarité internationale, on évolue dans une sorte de microcosme, dans lequel j’étais dans une zone de confort. C’est ce qui m’a fait venir au CESE : je voulais aller voir ailleurs, et explorer la manière dont on peut porter des combats pour faire évoluer les pratiques et les lois, dans un cadre institutionnel. " 

Désignée au CESE par Le Mouvement associatif, elle est vice-présidente de Reporters Sans Frontières depuis 2020. Cette nouvelle expérience lui ouvre la voie vers un champ de connaissance inédit, celui de l’information et du journalisme au service de la liberté d’expression et d’opinion.

"L’information est un sujet central. Il faut qu’elle soit adossée à des processus démocratiques, car ce sont parfois des subtilités qui font l’opinion publique. Et celle-ci doit pouvoir se baser sur une information fiable et transparente ! C’est ce magnifique combat que défend, parmi d’autres, Reporters sans Frontières."

Françoise Sivignon déplore l’afflux d’informations auquel nous sommes soumis dans un espace global dérégulé. Elle espère ainsi pouvoir, au sein du Conseil, traiter certaines questions trop vite balayées et pourtant fondamentales. C’est le cas des conséquences de la crise de la Covid-19 sur la santé mentale : « Il y a eu beaucoup de prises de parole et d’articles, et soudain on n’en parle plus, alors que les dégâts en termes de santé psychologique et mentale sont énormes ! ». Autre aspiration pour les cinq ans à venir au sein de la troisième assemblée de la République : celle d’interagir avec Reporters Sans Frontières et Médecins du Monde pour alimenter leurs stratégies des travaux du CESE et vice-versa : rester proche du terrain pour nourrir le Conseil des retours qui en sont issus.


Crédits photo : Katrin Baumann