Séance plénière : La gestion de l'eau face aux changements climatiques

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Mardi 11 avril
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Vie de l'assemblée
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Chapeau

L'eau est un bien commun indispensable à la vie des êtres humains, à la vie des écosystèmes et à la biodiversité. Elle joue aussi évidemment un rôle central dans la régulation climatique. Enfin, l'eau est également essentielle au fonctionnement de nombreux secteurs économiques, dont l'agriculture et l'énergie.

L'eau est surtout depuis quelques temps au coeur de l'actualité : sécheresses récurrentes, incendies estivaux, stockage, difficile accès à l'eau dans les Outre-mer, méga bassine... L'annonce du "Plan eau" par le Président de la République le 30 mars redonne une priorité nationale à ce sujet essentiel.

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Le CESE a déjà réalisé de nombreux travaux sur le sujet et alerté sur plusieurs points. Dans sa Déclaration en septembre, le Bureau du CESE demandait "la mise en haut de l’agenda politique des questions relatives à l’eau est une nécessité".

L'annonce d'un "Plan eau" par le Président de la République le 30 mars semble répondre à cette demande de prise de conscience et propose des mesures notamment sur un usage plus sobre, l'investissement massif, la revue du modèle agricole.

Le CESE a ces derniers mois poursuivi sa réflexion sur ce sujet sensible en abordant la question de la gestion de sa quantité, de sa qualité et de son partage.

Les rapporteurs Serge Le Quéau (Groupe Alternatives sociales et écologiques) et Pascal Guihéneuf (Groupe CFDT) présentent les préconisations du projet d'avis du CESE pour gérer durablement l'eau, au nom de la Commission Environnement présidée par Sylvain Boucherand (Groupe Environnement).

Comment gérer durablement cette précieuse ressources face aux changements climatiques ? Comment la partager, préserver sa qualité, réduire les multiples usages ? Quels leviers d'action sont activables ? : sobriété, irrigation sélective, réutilisation des eaux usées traitées ...

Un constat alarmant

La première Conférence sur l'eau organisée par l'ONU depuis 40 ans s'est ouverte le 22 mars à New York (États-Unis). En parallèle, les Nations unies dressent un bilan particulièrement alarmant : sécheresses multiples, incendies, pollution des eaux, eau source de conflit...

La France n'échappe pas à ce constat en atteignant en 2022 un record depuis 250 ans de la sécheresse de ses nappes phréatiques. De par la succession en 2022 d'un été, automne et hiver déficitaires en eau, la France dispose de 25 % de précipitations en moins. L'eau est aussi quotidiennement au coeur de l'actualité avec les feux de forêts plus fréquents, les questions de pollution ou encore de partage (bassins versants, captage, stockage, crise des méga bassines,..)

Entre quantité, qualité, et partage

Raréfaction de la ressource, mais aussi problèmes sur sa qualité (pollution aux nitrates ou plastiques, niveau de traitement...) usages multipliés. Quelques chiffres :

31 milliards de m3 sont prélevés en France pour un usage de 15.3 milliards de m3 par les centrales électriques, 5,3 m3 pour l'eau potable, 5.2 m3 pour les canaux de navigation, 3,2 m3 pour l'agriculture 2,4 m3 pour l'industrie -source Ministère de la Transition écologique). 

-14 % correspond à la baisse sur 20 ans de la ressource d'"eau renouvelable" en France (source Ministère de l’écologie publiée -juin 2022)

20% de l'eau est perdue par des fuites du réseau ou vétusté des infrastructures.

Le CESE alertait déjà dans sa Déclaration sur l'eau de septembre 2022 sur l’accélération de la transformation écologique et économique vers la neutralité carbone indispensables, mais aussi sur l'urgence des investissements requis pour améliorer l’adaptation aux conséquences du réchauffement climatique.

Connaissances : il va falloir apprendre à mieux connaître le cycle de l'eau, à économiser l’eau, développer une véritable culture de l’eau en utilisant les solutions offertes par la nature et celles techniques permettant une meilleure gestion et qualité.

Investissements : des investissements énormes sont à prévoir : créer, rénover ou entretenir les réseaux, recycler et retraiter même les eaux usées en eau potable. 15 milliards d’euros sur cinq ans seraient nécessaires pour adapter la gestion de l’eau au dérèglement climatique selon l'estimation de la Fédération professionnelle des entreprises de l’eau (FP2E).

Usages :  revoir le modèle de l'agriculture en développant de meilleures pratiques environnementales protectrices de la qualité de l’eau et l’adapter à un climat méditerranéen à des latitudes plus élevées, mais aussi d’autres types d’activités, pour ne pas aggraver les pénuries d’eau et leurs effets, pour les gérer et s’y adapter

Les enjeux sont donc nombreux : sanitaires, économiques, environnementaux et au coeur de notre société. 

* travaux du CESE sur la gestion de l'eau en Outre-mer, la sobriété. Déclaration sur l'eau