Discours de Thierry Beaudet - Ouverture de la Convention Citoyenne sur la fin de vie

Précision de date
Vendredi 9 décembre 2022
Catégorie
Conventions citoyennes
Date de publication
Chapeau

Discours de Thierry Beaudet, président du CESE
Ouverture de la Convention Citoyenne sur la fin de vie

Seul le prononcé fait foi

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Corps

Madame la Première Ministre,

Madame et Monsieur les ministres

Mesdames et messieurs les membres de la Convention citoyenne,

Mesdames et messieurs,

Je suis heureux d’installer avec vous la convention citoyenne souhaitée par le Président de la République, la Première Ministre et le gouvernement, convention citoyenne consacrée à la fin de vie. Le Conseil économique social et environnement étant de par la loi l’assemblée des consultations publiques et de la participation citoyenne, vous nous avez demandé, Madame la Première Ministre, de concevoir, organiser et conduire cette convention, et il me revient donc de vous accueillir. Mesdames et Messieurs, à partir de ce jour et jusqu’au printemps prochain, notre Assemblée est aussi la vôtre : bienvenue au CESE.

Vous êtes ici dans un lieu où s’inventent et s’élaborent de nouvelles formes démocratiques associant toujours plus étroitement les organisations de la société et les citoyennes et citoyens.

Parmi tous ces nouveaux formats démocratiques, la convention citoyenne est sans conteste le plus ambitieux, le plus exigeant, le plus engageant. 

C’est pourquoi je tiens à saluer et remercier les quatorze membres du comité de gouvernance, présidé par Claire Thoury, qui œuvrent, avec les services de notre assemblée, depuis 3 mois maintenant, pour rendre possible la tenue de cette convention dans les meilleures conditions.

Mais à cet instant, c’est d’abord vous, chers membres de la convention, que je souhaite remercier. 

Oui vous avez été tirés au sort, mais vous n’êtes pas tout à fait là par hasard. Vous avez accepté de vous engager dans cette aventure pour 27 jours. 27 jours de réflexion, de débats, d’échanges et d’écoute. 27 jours au cours desquels vous allez travailler de façon approfondie sur un sujet, la fin de vie, qui mêle l’intime, l’ultime, le social, le médical, un sujet qui nous concerne toutes et tous...

Le sujet nous concerne toutes et tous, mais l’exercice d’une convention citoyenne est impossible à l’échelle d’un pays. Aussi le chemin que vous allez emprunter et parcourir, vous allez le parcourir pour notre compte, pour la société tout entière. En apprenant à vous connaître, vous allez découvrir que vous êtes aussi divers que l’est la société française, et c’est ce qui fonde à la fois votre légitimité et notre confiance.

Vous allez vivre une expérience extraordinaire ! La preuve en est qu’avant même de commencer, vous avez déjà fait des envieux : de très nombreuses personnes se sont portées volontaires et auraient, elles aussi, aimé être tirées au sort ! 

Vous voilà donc rassemblés, non seulement par le hasard, mais également par l’envie, la volonté de participer à cet exercice démocratique. 

Certaines et certains d’entre vous n’ont sans doute pas voté aux dernières élections. Certaines et certains d’entre vous se sentent sans doute éloignés du débat public et politique. Mais vous êtes là aujourd’hui, et par votre présence, vous témoignez de la volonté de nos concitoyens d’être acteurs des sujets qui les concernent. C’est essentiel tant il est vrai que tous les vécus, toutes les expériences, toutes les réflexions ont une égale valeur. Tout le monde est légitime. C’est pour cela que la démocratie ne s’arrête pas aux élections et aux institutions. La démocratie est d’abord une façon de vivre, de dialoguer, de décider ensemble, à hauteur de femme et d’homme, sans argument d’autorité, dans une multitude d’enceintes et de modalités, de façon directe ou indirecte, en déléguant ou en prenant la parole. Il suffit parfois de changer les règles du jeu pour retrouver des joueurs ! Il suffit parfois d’ouvrir de nouvelles portes pour que de nouveaux entrants rejoignent le collectif.

Chaque fois, il s’agit de réunir des citoyennes et citoyens de tous horizons qui font société, qui parlent, agissent, vivent ensemble. 

Il s’agit de réaliser un brassage qui, année après année, permette à chacun de se sentir faire partie d’un pays, d’une histoire, et pas seulement d’un milieu social, d’une ville, d’un village ou d’une rue.

Il s’agit de prendre le temps, de se donner du temps, ce temps qui manque tellement aujourd’hui, et de fait, vous disposerez jusqu’en mars, chers membres de la convention, de bien plus de temps de débat et de réflexion que la plupart des parlementaires lors de l’élaboration d’une loi !

Il s’agit de se poser, de s’informer, de réfléchir. Il s’agit d’écouter. D’écouter les faits, les vécus, les opinions mais aussi de s’écouter les uns les autres pour se forger un point de vue construit, éclairé. C’est devenu si rare…

Il s’agit de rappeler que l’essence de la démocratie, c’est la participation, sous quelque forme que ce soit, à tous les niveaux et à toutes les occasions de la vie sociale. Il n’y a pas de démocratie sans une société démocratique, sans une démocratisation permanente de la société.

En participant aux travaux de cette convention citoyenne, en vous engageant, vous vous inscrivez, vous aussi, dans cette dynamique participative qui est incontestablement un nouveau ressort de notre démocratie. Car si cette expérience sera extraordinaire pour vous, elle le sera tout autant pour notre pays. 

A votre niveau, vous allez donc contribuer à l’approfondissement progressif de notre démocratie, un approfondissement par les actes, par plus de dialogue, d’ouverture. La réussite de cette convention contribuera à ancrer plus profondément la culture de la co-construction et du compromis dans notre 5eme république conçue avant tout pour trancher.

Il est évident qu’une assemblée consultative comme la vôtre ne peut, ni ne doit, concurrencer les assemblées législatives. Il y a plus qu’un filtre, il y a une différence de nature entre vos travaux et ceux des législateurs à qui appartient le dernier mot. Mais il est évident, inversement, que le fruit de vos travaux devra être pris en considération au moment de la décision.

Si la participation citoyenne doit inventer une démocratie de tous les instants, une démocratie de tous les publics, elle doit aussi inventer une démocratie de l’engagement de toutes les institutions.

Je tiens à vous remercier sincèrement, Madame la première ministre, car cet engagement, vous l’avez pris au nom du gouvernement, en précisant que celui-ci reviendra devant les citoyens de la convention pour leur présenter les suites qui auront été données à leurs conclusions. Ce faisant, vous ajoutez le maillon indispensable pour donner matière à un véritable chaînage démocratique, à un véritable continuum démocratique.

J’aurai demain l’occasion de remercier également Mme la présidente de l’Assemblée nationale qui, en se rendant devant vous, témoigne de l’attention et de la compréhension par le Parlement du rôle des assemblées citoyennes. Monsieur le Président du Sénat, empêché, m’a également fait part de l’intérêt qu’il porte à cette convention. J’en suis heureux : les Assemblées citoyennes, loin de contester la prérogative des parlementaires, donnent en réalité plus d’assise et plus d’appui à leurs décisions.

Je tiens enfin à remercier les conseillères et conseillers membres du CESE. Devenir l’institution où la participation citoyenne s’arrime à la République, cela demande, non pas de laisser la place, mais de faire de la place à ces nouvelles pratiques. Et nous le faisons. Les ouvertures à la participation, dans des formats variés, irriguent et enrichissent aujourd’hui tous les travaux de notre assemblée.

A notre place, nous sommes déterminés, convaincus de la possibilité de sortir grandis d’une crise de croissance de notre démocratie. 

Mesdames et messieurs les membres de la Convention citoyenne, une nouvelle fois, bienvenue à toutes et tous ! Bons travaux ! Vous êtes ici chez vous !

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